Quand le sol devient radiateur
Le chauffage par le sol permet de réduire sa facture de 10 à 30 %. Une telle installation s'envisage toutefois essentiellement en construction neuve. Avec ce système, panneaux solaires et pompes à chaleur donnent leur pleine mesure.
Le chauffage par le sol, s’il permet un amortissement en moins d’une dizaine d’années, se révèle coûteux lors de son installation. Une manière très efficace de faire des économies de chauffage est de faire en sorte que l'eau qui circule dans les tuyaux soit à basse température. Pour cela, l'un des meilleurs systèmes sur le marché est assurément le chauffage par le sol.
Cela ne fait qu'une vingtaine d'années tout au plus que le chauffage par le sol est devenu une alternative crédible aux systèmes traditionnels grâce à de nouveaux matériaux comme les tubes souples permettant une régulation plus fine.
Très schématiquement, le procédé consiste à chauffer à l'aide d'un réseau de tuyaux encastrés dans lesquels circule de l'eau chaude à basse température qui répartit uniformément la chaleur dans les pièces. On peut choisir d'installer un système de chauffage par le sol dans toute la maison ou seulement dans certaines pièces. Si seules quelques pièces sont chauffées de cette façon, un système de chauffage et de ventilation distinct doit être prévu pour le reste de la maison.
La quantité de chaleur transmise aux locaux dépend, entre autres, de la résistance thermique du sol situé au-dessus des tuyaux. Si ce système convient pour tous types de revêtements de sol, chacun d'entre eux nécessite un calcul spécifique. Car si certaines surfaces, comme le béton ou les carreaux de céramique, sont idéales, d'autres tels les planchers en bois et les tapis épais agissent comme une couche isolante et empêchent la chaleur de monter, réduisant ainsi l'efficacité du système.
Trop cher en rénovation
Idéalement, l'installation d'un système de chauffage par le sol doit être prévue dès la conception de l'habitation. Ce qui explique que ce procédé est encore essentiellement employé pour les constructions neuves (environ 80 % du marché) et les rénovations lourdes.
Il faut compter entre 35 et 45 euros/m2 pour le matériel auxquels il convient encore d'ajouter entre 1.000 et 1.500 euros pour la régulation (beaucoup plus fine que dans le cas d'un système de chauffage traditionnel), ceci sans compter la pose. Bref, un débours qui n'est pas à la portée de tout le monde. Mais, si l'on en croit les installateurs, le temps de retour sur investissement serait de 10 ans tout au plus grâce à une consommation inférieure de 10 à 30 % par rapport aux installations traditionnelles.
De fait, en raison du niveau de température peu élevé de l'eau de chauffage circulante (entre 30 et 40º contre 60 à 75º normalement), l'économie serait substantielle. Mais ce n'est pas là le seul avantage d'un chauffage par le sol. Le confort s'en trouverait sensiblement accru.
Facture à la baisse, confort à la hausse
Un tel système se caractérise par une température de l'air inférieure de 2 ºC à celle que requiert un chauffage traditionnel. L'air de la pièce y semble alors plus léger. « A température égale, une habitation dotée d'un système de chauffage par le sol offrira toujours une sensation de confort accru. Normal : ce système fonctionne par rayonnement, contrairement aux radiateurs et convecteurs classiques qui fonctionnent par convection. Ces derniers brassent et déplacent l'air, ce qui entraîne des sensations de froid. Le chauffage par le sol réduit également la circulation de poussières en suspension. Tout profit pour les personnes sensibles ou allergiques », énumère l'architecte Guy Jamaigne qui ne manque jamais de proposer ce type de chauffage dans le cadre de ses projets.
Seule restriction : le temps de chauffe est un peu plus élevé qu'avec une installation traditionnelle. Le chauffage par le sol convient donc mieux pour les habitations qui sont régulièrement occupées. Enfin, le chauffage par le sol peut aisément être couplé avec des sources d'énergies alternatives telles que panneaux solaires ou pompes à chaleur. Tout bénéfice pour le confort et le portefeuille à long terme.
Longue histoire
Selon certains spécialistes, le procédé du chauffage par le sol trouve ses origines à Rome, vers 80 av. J-C, avec les « hypocaustes » (du grec : chauffage par le dessous). Ce système consistait à faire circuler de la fumée et de l'air chaud dans des canaux de chauffage souterrains. Cependant, ce procédé s'est éteint en même temps que l'Empire romain. Il refit surface dans les années 60, principalement en Allemagne et en Suisse, avant de sombrer une nouvelle fois dans l'oubli. En cause : une mise en œuvre trop compliquée, une fiabilité sujette à caution et une puissance de chauffe trop lente à la détente.
Nec plus ultra
Certains architectes soutiennent que le chauffage par le sol employé seul n'est pas une bonne solution. Il faut, selon eux, compléter l'installation avec un chauffage mural. Ce système possède à peu près toutes les caractéristiques propres au chauffage par le sol à la différence qu'il permet un réchauffement plus rapide grâce à son inertie beaucoup plus réduite, due aux briques céramiques creuses et à la fine couche de plafonnage appliquée au mur, à comparer à l'épaisseur de la chape et au recouvrement de sol. « Le chauffage par le sol doit idéalement agir comme un simple coupe-froid et c'est le chauffage mural qui vient en apport. Un chauffage par le sol employé seul demande de pousser la température trop haut, ce qui risque d'entraîner des problèmes de santé comme gonflements des pieds, varices, etc. », explique ainsi l'architecte Guy Jamaigne.
Source: Le Soir, le 23/09/2010