Passer une habitation au crible

Une carte d’identité énergétique encore mal perçue

Tout le monde est (censé être) au courant. Dorénavant, chaque fois que vous achetez une maison ou louez un appartement, le propriétaire doit brandir devant vous un certificat de performance énergétique. Il s’agit en quelque sorte de la carte d’identité environnementale du bâtiment. Une manière de savoir si votre future habitation sera un gouffre énergétique ou non.
La mesure est entrée en vigueur il y a un peu plus d’un an. Bilan ? Elle est suivie mais pas encore suffisamment efficace. Une série de bémols sont à relever.

À Bruxelles, 60.000 certificats ont déjà été émis (l’obligation date du 1er mai 2011 pour les ventes et du 1er novembre 2011 pour les locations). En Wallonie, le chiffre grimpe à 130.000 (1er janvier 2011 pour les ventes et 1er juin 2011 pour les locations).

Des chiffres conformes aux attentes. « Le grand public est au courant de l’arrivée de ce nouveau document, lance Mikael Ange, le coordinateur de la cellule construction durable et énergie au cabinet de la ministre bruxelloise Evelyne Huytebroeck. Il y a eu des campagnes de communication mais il faut sans cesse les relancer car il reste de nombreuses incompréhensions et des choses à améliorer. »

Du côté de la Région wallonne, on nuance les résultats en fonction des ventes et des locations. « Pour être honnête, on sait bien que les certificats sont exigés lors des ventes (NDLR : logique, vu le passage devant le notaire) mais que cela reste encore relativement aléatoire pour les locations », fait remarquer Benoît Fourez, du département Energie à la Région wallonne.

Une chose est sûre : la plupart des propriétaires tirent la tête quand ils reçoivent leur certificat. La raison est simple : 70 % du parc immobilier wallon est ancien et possède une isolation précaire. La situation est similaire à Bruxelles.

Davantage de contrôles

Pour le reste, une série de griefs reviennent régulièrement aux oreilles des autorités. Relevons notamment l’incompréhension des propriétaires, le timing de la remise du certificat ou encore la compétence des certificateurs. « Le mécanisme est mal perçu, regrette Mikael Ange. Les propriétaires le voient comme une contrainte supplémentaire alors que c’est un immense bonus pour eux. On considère aussi ce certificat pour ce qu’il n’est pas : l’objectif n’est pas de lister tous les travaux à effectuer pour améliorer la capacité énergétique du logement, mais plutôt de fournir un outil de comparaison. Ce n’est pas une cartographie de la consommation réelle. »

Avec comme conséquence que ceux qui ne sont pas satisfaits de l’avis qui est rendu décrédibilisent l’outil. D’où l’importance d’informer davantage sur le sujet et de professionnaliser le travail des certificateurs. « Car, pour certains, la qualité de leur boulot n’est pas satisfaisante, lance Mikael Ange. Ils effectuent leur visite trop vite ou d’une manière inadéquate. Des certificateurs cèdent aussi aux demandes des propriétaires… Il va donc y avoir davantage de contrôles. Il y va de l’avenir de cette mesure. »

Nouvelle mouture du décret

Au total, on recense près de 1.200 certificateurs à Bruxelles et près de 1.700 en Wallonie. Ajoutons qu’un nouveau logiciel est en développement pour améliorer la qualité de la méthode de calcul, de même que la précision du travail du certificateur. « Ce document arrive aussi beaucoup trop tard dans les mains du candidat-acquéreur, note Benoît Fourez. Dans 99,9 % des cas, il en prend connaissance lors de la signature du compromis de vente. La mesure perd de son efficacité car il ne sait alors pas analyser la capacité énergétique du bâtiment. Il serait opportun que le certificat soit disponible dès la publicité de la vente. »

Notons que le gouvernement wallon est en train de procéder à une modification du décret PEB et notamment de ce point. La nouvelle mouture devrait arriver d’ici un an.

Enfin, peut-on affirmer que les certificats ont déjà une influence sur le marché immobilier ? La réponse est négative. « Sauf dans le quartier européen où les Scandinaves sont conscients de cette réalité depuis une dizaine d’années. » Alors que Benoît Fourez ajoute : « Le but est surtout de provoquer un électrochoc chez le vendeur et l’acheteur. Vu les réactions parfois virulentes, c’est plutôt réussi… »

Source : Le Soir, Xavier Attout, jeudi 18 octobre 2012.

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