Economie

Le certificat PEB est déjà fort contesté

Le certificat de performance énergétique (PEB) est désormais obligatoire partout en Belgique (depuis mai 2010 en Wallonie et cet été à Bruxelles). Tout propriétaire doit être en mesure de le présenter lorsqu'il met un bien en vente ou en location. Objectif : dresser le bilan énergétique des biens. Mais les faiblesses du système sont déjà dénoncées.


Inutile Hélène van den Wildenberg, ex-propriétaire

« J'ai appris que je devais fournir un certificat PEB, alors que j'étais sur le point de vendre ma maison. Les résultats obtenus n'ont d'ailleurs aucunement influencé les acheteurs… Le compromis de vente était déjà signé. Pratiquement : j'ai fait appel à un architecte agréé qui m'a demandé de lui fournir un maximum de plans et de factures pour évaluer le bilan énergétique de ma maison. Seulement celle-ci date du XIXe siècle et elle a été rénovée dans les années 30… Il restait donc très peu de documents officiels. Quant à mes vieilles factures Brico, datant des travaux de rénovation (1996), je les ai évidemment jetées, ne sachant pas qu'elles pourraient un jour m'être utiles. Certes, nous avions pris des photos avant et après travaux, mais pas pendant les rénovations. Donc l'architecte-certificateur disposait de très peu d'éléments pour remplir sa grille d'évaluation. Résultat : il nous a sanctionnés d'un score « F », hypernégatif. Sans compter, que nous avons dû débourser plus de 675 euros pour obtenir ce simple papier. »


Coûteux Alexandre Frossard, agent immobilier

« Premier grief, selon moi : le coût du certificat PEB qui peut varier du simple au double. En fait, il n'existe pas de barèmes prédéfinis si bien que dans le cas d'un appartement une chambre, vous déboursez entre 125 et 250 euros (HTVA) tandis que pour une maison de type unifamiliale, les prix s'échelonnent de 175 à 500 euros (HTVA). C'est interpellant… D'autre part, ce certificat énergétique n'est pas contraignant pour le propriétaire. Il n'oblige ni ne recommande aucun chantier d'amélioration. Donc quel est l'intérêt de ce papier ? Certes, à Bruxelles, par exemple, l'IBGE est en train de répertorier tous les biens qui existent ainsi que leur résultat énergétique, mais que va-t-il être fait de ces données ? Je ne vois pas bien la perspective… A ce stade, les gens ont l'impression qu'on les rackette. Avec l'audit énergétique au moins, le particulier hérite de toute une série de conseils et de pistes en vue de réduire son empreinte énergétique. »


Inégal Olivier Waterkeyn, notaire

« Je pense que le certificat PEB part d'une bonne intention mais il y a quelques critiques à formuler, concernant notamment l'accès à la profession. Le cursus de formation est-il suffisant et adéquat ? Peut-être pas. D'après ce que me disent les clients à l'étude, la visite d'un certificateur peut varier du tout au tout : si un expert rentre à peine dans une habitation pour l'évaluer, l'autre consacre deux heures à observer, récolter des informations et distribuer des conseils en matière d'économie d'énergie. Visiblement, l'uniformisation fait défaut : chacun travaille à sa façon et les disparités régionales sont évidentes. D'autant qu'aucun contrôle n'est exercé à l'encontre des certificateurs agréés : comment procèdent-ils exactement ? Je n'en sais rien. Pour vous dire, je connais le cas d'un client qui a dû faire appel à deux experts d'affilée parce qu'il avait perdu son premier certificat. Et entre le premier rapport et le second, la différence était de taille, car sur l'échelle d'évaluation mon client est passé d'un E à un G (pire note). »


Béatrice Laloux, présidente du Syndicat national des propriétaires

« En réalité, l'échelle d'évaluation inhérente au certificat PEB n'est applicable qu'aux habitations neuves et futures : ainsi, seule une maison entièrement passive pourra décrocher le A (meilleur score). Or la majorité du parc immobilier se compose d'habitations anciennes. Secundo, les certificateurs qui ne disposent pas de toutes les données nécessaires (plans, photos, factures…) à une bonne évaluation optent d'office pour l'hypothèse la plus défavorable et sanctionnent le bien sur l'échelle d'évaluation. A cela s'ajoutent des partis pris tels que : tout ce qui est chauffage électrique est a priori mauvais et disqualifié. Enfin, derrière ce certificat, on trouve deux lobbies qui ont inspiré la réglementation européenne au bénéfice de leurs membres : Rics qui représente les professionnels des secteurs de l'immobilier, de la construction, de l'expertise et de l'environnement dans le monde entier et Eurima, une société de conseils active, entre autres, dans le domaine de l'environnement. »


Source: Le Soir

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