Aspects financiers

Boîte en bois cachée dans le paysage

Pendant six ans, l’architecte Olivier Dullier et sa compagne Claire ont écumé la vallée mosane dans l’espoir d’y trouver quatre vieux murs. Ils rêvaient d’y construire un projet contemporain. En lieu et place, le couple a acheté un terrain à Maillen, terrain dont ils n’imaginaient même pas qu’il puisse être à bâtir, tant son environnement naturel était exceptionnel. Le couple y a posé une boîte en bois épousant les lignes du paysage en toute discrétion.



« Je passais deux fois par jour devant ce bout de terre sans me douter que c’était un terrain à bâtir », se rappelle Olivier Dullier, architecte et maître des lieux. « Chaque fois, je m’émerveillais de la vue. Aujourd’hui, cette vue est notre toile de fond quotidienne. » En effet, le paysage est omniprésent dans la maison. Où que l’on se tienne, il s’étend à perte de vue derrière la grande façade vitrée exposée plein sud. « Nous voulions à tout prix une maison ouverte sur l’extérieur », poursuit Olivier. « La maison se trouve à la lisière du village ; au-delà de cette limite, il n’y a plus que des champs. Nous voulions accentuer cette impression de vivre au milieu d’un champ. » Des nonante ares de terrain, la famille Dullier n’occupe d’ailleurs qu’une partie. Le jardin autour de la maison a été transformé en prairie fleurie et la surface restante, environ septante-cinq ares, est encore cultivée par un agriculteur du coin. Comme si un géant était venu poser ce bloc rectangulaire au beau milieu de la nature.


Intégrée au paysage

« Respecter le caractère rural du lieu était mon principal objectif », souligne Olivier. « Je voulais que la maison s’intègre naturellement dans le paysage. J’ai donc imaginé un volume allongé disposé dans la longueur, parallèlement aux lignes de niveaux qui découpent le paysage. Car si vous y regardez de plus près, vous remarquerez que les vallées et les champs qui se succèdent dessinent des axes parallèles à l’horizon. C’est pour cette même raison que le toit de la maison est plat. Et comme je voulais limiter l’impact de la maison sur son environnement, j’ai choisi d’habiller les façades avec de l’afzelia. Contrairement au cèdre, l’afzelia ne patine pas avec le temps. Il garde sa belle couleur brune au fil du temps. Selon moi, le gris du cèdre correspond plutôt à un contexte urbain, tandis que le brun de l’afzelia s’inscrit davantage dans la palette naturelle de la campagne. »


Intérieur ouvert

Ouverte sur l’extérieur, la maison de Claire et Olivier l’est aussi à l’intérieur. L’architecte y a multiplié les astuces pour créer une impression d’espace tout en respectant le budget qu’il s’était fixé. C’est ainsi que le sol en béton au rez-de-chaussée et le parquet en merbau à l’étage ont été prolongés vers l’extérieur pour agrandir visuellement les pièces. En bas, la cuisine, le salon et la salle à manger forment un grand volume. Seule la cage d’escalier a été isolée par une paroi en forme de bloc ouvert sur ses trois côtés. Le regard et les perspectives peuvent donc se perdre au-delà du bloc de séparation. Autre astuce, le bloc abrite un vestiaire à l’arrière et encadre la télévision et le foyer encastré à l’avant. « J’ai voulu intégrer le mobilier au maximum dans la construction pour éviter d’encombrer la maison », explique Olivier. « Notre déco, c’est ce qui se trouve dehors, le paysage derrière les fenêtres. » Les quelques éléments de mobilier indispensables dégagent une simplicité ultracontemporaine : des chaises Panton autour de la table à manger, des tabourets Bombo dans la cuisine et un salon Molteni orange pour une touche de peps.


Simplicité atemporelle

La maison de Claire et Olivier ne laisse personne indifférent. « On aime ou on n’aime pas », constate Olivier. « Pendant les travaux, les gens s’arrêtaient régulièrement pour demander ce qu’on construisait précisément. Ils pensaient que c’était une station d’épuration, un garage ou un show-room. Les gens n’ont pas l’habitude de rencontrer ce type de formes et de matériaux. Pourtant, on ne peut pas dire que la maison soit extravagante. Au contraire, elle traduit une extrême simplicité pour pouvoir se fondre dans son environnement. Je tiens beaucoup à cette simplicité, à l’intérieur comme à l’extérieur. Les belles choses, celles qui traversent les siècles, se caractérisent généralement pas une pureté atemporelle. » Olivier constate d’ailleurs une certaine évolution des mentalités dans ce sens. « La Belgique est relativement en retard sur ce qui se fait en Autriche, en Allemagne, en Suisse et au Portugal. Heureusement, les mentalités changent. Les gens commencent à comprendre que cette manière d’envisager l’architecture est à leur portée. Avant, ils achetaient un terrain puis ils cherchaient un architecte. Maintenant, je reçois des demandes de personnes qui veulent trouver un terrain où ils pourront bâtir sans se heurter aux restrictions urbanistiques trop strictes. »


Principes bioclimatiques

En dessinant les plans de sa maison, Olivier a respecté autant que possible le principe de la bioclimatique. Ainsi, toutes les zones de circulation et de rangement ont été disposées au nord de l’habitation, là où le soleil ne chauffe pas et où la façade, située côté rue, est entièrement isolée par le bardage en bois. Par chance, le paysage dont Olivier et Claire voulaient profiter se trouve au sud. La façade entièrement vitrée s’ouvre donc sur l’horizon champêtre tout en laissant pénétrer la chaleur du soleil. Toutes les pièces de séjour ont été aménagées de ce côté-là. Pour éviter la surchauffe en été, Olivier a prévu une coursive et un débordement de toiture. Lorsque le soleil d’été est haut dans le ciel, la coursive et la toiture font de l’ombre dans la maison. Par contre, en hiver, les rayons bas du soleil inondent l’intérieur et chauffent naturellement les pièces de vie. Au rez-de-chaussée, la dalle en béton retient cette chaleur pour la restituer progressivement pendant la nuit. Par ailleurs, une pompe à chaleur alimente le chauffage par le sol au rez-de-chaussée et des ventilo-convecteurs à l’étage. « Cette combinaison représente une solution à la fois économique et esthétique », indique Olivier. « Cela m’a permis de travailler sans radiateurs en bas et de cacher le chauffage dans les faux plafonds en haut. Toujours dans un souci de minimalisme. »


Texte: EPN - Delphine De Riemaecker
Photos: Sarah Van Hove et Jonah Samyn

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